Quelques parutions récentes que je n’ai pas pris le temps d’annoncer sur ce site.
D’abord un long texte dans le dernier numéro de la revue Les Temps Modernes. Il s’agit du récit de la vie de Robert H. Barlow (1918-1951), jeune écrivain imprégné de l’imaginaire lovecraftien qui devint anthropologue au Mexique, étudiant successivement les cultures nahuatl et maya. J’ai voulu dans ce texte faire ressortir les motivations littéraires, fantasmatiques et politiques – c’est tout un – du travail anthropologique. Ses impasses comme ses lignes de fuite. J’ai aussi très probablement voulu y dénouer une relation longue et compliquée avec H. P. Lovecraft et W. S. Burroughs.
« La transmigration de Robert H. Barlow », Les Temps Modernes 700, 2018, p. 121-164.
Ensuite, avec l’édition de l’ouvrage d’Alfonso M. García Téllez, Écrits. Manuscrits à miniatures otomi, j’ai parachevé un travail au long cours, commencé en 2007 et à peu près terminé en 2015. Il s’agit de la reproduction en fac-similé couleurs des quatre manuscrits canoniques d’Alfonso García Téllez, célèbre spécialiste rituel des Otomis de la Sierra Norte de Puebla (Mexique). Les trois premiers livres décrivent et expliquent la très riche liturgie de plusieurs cérémonies otomis dont l’une des caractéristiques saillantes est d’employer, afin de rendre présentes les entités surnaturelles, des figurines de papier découpé. Le quatrième relate par une association inédite entre texte et images le récit d’origine de ces institutions rituelles. Les annexes comprennent des variantes ainsi qu’un cinquième manuscrit, aujourd’hui en déshérence. J’ai rédigé une longue préface et assuré la traduction des manuscrits de l’espagnol vers le français. Jacques Galinier, grand spécialiste des Otomis, a bien voulu consacrer une postface à l’ouvrage. Deux recensions ont paru au Mexique, l’une d’Iván Pérez Téllez, l’autre de Libertad Mora et de Carlos Guadalupe Heiras Rodríguez. Une recension a été publiée dans les Archives de sciences sociales des religions (188, 2019, par Federica Rainelli).
Alfonso Margarito García Téllez, Écrits. Manuscrits à miniatures otomi. Nanterre, Société d’ethnologie, 2018.
J’ai aussi publié dans la dernière livraison de la revue Terrain un article sur les écritures martiennes inventées par les spirites Hélène Smith et Ida Cleaveland à la charnière des dix-neuvième et vingtième siècles. J’ai d’ailleurs dirigé ce numéro de Terrain avec Olivier Morin : nous y avons rassemblé une série de contributions à l’anthropologie de l’écriture qui nous ont parues significatives (voir le sommaire ici).
« Écritures martiennes », Terrain 70, 2018, p. 20-37.
Un autre texte d’esprit similaire, écrit en même temps que le précédent – en 2014 –, est paru dans la revue L’Homme. Il s’agit d’une étude de pratiques graphiques qui se présentent comme des écritures révélées, surnaturelles, mais qui sont en fait des pseudographies, c’est-à-dire de simples imitations asémiotiques, indéchiffrables, de lignes d’écriture. Là encore l’étude résulte d’une enquête au long cours : mes premières recherches sur les pseudographies des Shakers datent de 2007. L’article paraît dans un dossier accompagné des textes de Béatrice Fraenkel et de Stephen D. Houston.
« Pseudographies. L’écriture révélée d’Emily Babcock », L’Homme 227-228, 2018, p. 49-68.
Enfin le dernier numéro de la revue Gruppen comporte un texte où j’explore l’histoire des interprétations délirantes des khipus, les cordelettes à nœuds qui servirent dans les Andes de systèmes de comptabilité et d’arts de la mémoire. Je passe en revue les conceptions de Madame de Graffigny, de Raimondo di Sangro, de Léon de Rosny et, last but not least, de Clara Miccinelli et Carlo Animato. Ce texte fait partie d’un chantier sur les mystifications auctoriales (plagiats, contrefaçons, suppositions d’auteur, etc.) que je considère désormais comme clos. Mise à jour : ce chantier a désormais pris la forme d’un livre, L’Enchâssement, dont ce texte constitue le deuxième chapitre.
« Contrefaçons », Gruppen 13, 2018, p. 12-19.