Deux nouveaux textes parus dans la revue Gradhiva.

Le premier livre, Gradhiva 32, 2021, p. 48-59.
Entre 2000 et 2014, les pratiques chamaniques des Shipibo-Conibo du Pérou se sont transformées. Des livres de magie, publiés en espagnol et vendus dans les marchés de la région, ont trouvé leur chemin dans des cérémonies traditionnellement dominées par l’oralité. Un tel phénomène d’innovation rituelle permet d’interroger la valeur que certains chamanes shipibo-conibo accordent à l’oral et à l’écrit. Une première version de ce texte est parue en 2016 dans la revue Gruppen sous le titre Retour à Pucallpa.
Le dernier livre, Gradhiva 32, 2021, p. 144-157.
Au nord de la péninsule du Yucatán, les Mayas du village de Xocén se transmettent un récit à propos d’un livre aux propriétés stupéfiantes. Il s’agit non seulement d’un livre vivant, sans auteur humain, apparu lors de la création du monde, mais aussi d’un livre qui contient la totalité du savoir, la chronique exhaustive du passé comme les prophéties de l’avenir. Les Mayas de Xocén disent que ce livre leur a été donné par Dieu. Ils disent aussi qu’il leur a été dérobé et qu’il est désormais conservé quelque part aux États-Unis. Ils expliquent ainsi la spoliation coloniale et la permanence de la domination impérialiste. Ils prédisent enfin qu’un jour le livre leur reviendra. Ce texte est extrait d’un ouvrage en cours de rédaction intitulé L’anti-livre ; il y sera question de livres qui n’existent pas.