3. Pilima comédien
Je n’étais pas parti en Guyane pour étudier le mouvement prophétique de Pilima en tant que tel. La principale raison qui me poussa à prendre l’avion, en février 2013, était contenue dans ces deux phrases d’Audrey Butt, publiées en 1964 :
Une nuit, avec des crayons et du papier qu’il avait empruntés, [Pilima] apprit seul à écrire, imaginant sa propre écriture sinueuse. On apprit alors aux enfants à associer ces lignes à certains chants et, tandis qu’ils chantaient, ils les suivaient du doigt.
Au fur et à mesure que progressaient les entretiens avec les Wayana, je compris que je ne trouverai pas ce que j’étais venu chercher. Ëputu nous avait affirmé d’emblée : « Oui, Pilima a inventé une étrange manière de parler, mais pas une écriture ». Son fils, Tëwanaka, nous avait dit : « Peut-être qu’il ment. Moi, je ne l’ai jamais vu écrire ». Et tous les Wayana à qui nous posions la question abondaient en ce sens : non, Pilima n’avait pas inventé d’écriture. J’étais déçu.